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La fiche sur la tortue imbriquée : Eretmochelys imbricata

Famille : Cheloniidae
Genre : Eretmochelys

C’est une tortue dont vous avez peut être entendu parler sous le nom de tortue imbriquée. C’est une des huit espèces actuelles de tortues marines et c’est la seule du genre Eretmochelys. Son aire de répartition est quasi mondiale puisqu’on la retrouve dans tous les océans. Elle comporte deux sous espèces E.imbricata imbricata et E.imbricata bissa.

La tortue imbriquée a été décrite à l’origine par Carl von Linné comme Testudo imbricata, en 1766. Au début du XIXe siècle, la systématique s’affine, on reconnaît aux tortues marines des caractéristiques communes et on les regroupe au sein de taxons communs. Un nouveau genre Eretmochelys (du grec: eretmo, rame et chelys, tortue) est proposé par le zoologiste autrichien Leopold Fitzinger en 1843.

Eretmochelys imbricata Eretmochelys imbricata

Sous-espèce de la tortue imbriquée

Deux sous-espèces ont été décrites, l’une vivant dans l’océan Atlantique et l’autre dans les océans Pacifique et Indien. Comme la première sous-espèce décrite par Linné était originaire de l’Atlantique, elle a pris pour nom Eretmochelys imbricata imbricata. C’est la description de Wilhelm Peter Eduard Simon Rüppell de 1835 qui est retenue pour la tortue imbriquée du Pacifique. Elle est appelée Eretmochelys imbricata bissa, bissa signifiant double en latin.

E. i. imbricata (océan Atlantique): dessus tête et membres brun noisette; contour des vieux individus allongé, à bords presque parallèles.
E. i. bissa (océan Indien, océan Pacifique): dessus tête et membres très sombre, presque noir; contour en forme de cœur, à bords arqués, même chez les individus âgés.

Hybridation

On retrouve les tortues imbriquées dans de nombreux cas d’hybridation entre tortues marines. Des hybrides de tortues imbriquées et de caouannes (Caretta caretta) ont été signalés à Bahia, au Brésil, où il semble que les hybrides seraient au moins de deuxième génération (Conceição et al., 1990; Bass et al., 1996; Bass, 1999; Marcovaldi et al., 1999). Un hybride de tortue imbriquée mâle et d’une tortue caouanne femelle a été signalé en Floride (Etats-Unis) et un œuf ramassé au Suriname a donné un hybride issu d’une tortue imbriquée mâle et d’une tortue verte (Chelonia mydas) femelle, de deuxième génération (ou plus) (Karl et al., 1995).

Description de Eretmochelys imbricata

Sa carapace est très facile à reconnaître des autres espèces. On l’appelle tortue imbriquée car ses écailles se chevauchent les unes au-dessus des autres de telle façon que cela ressemble aux tuiles d’un toit de maison. Seulement chez certains vieux spécimens cette caractéristique n’est plus valable car la dossière à tendance à devenir lisse avec le temps. On dénombre quatre paires de costales et cinq écailles vertébrales qui peuvent présenter une légère carène sur les jeunes spécimens. Une autre caractéristique de cette tortue est qu’elle présente des marginales dentelées postérieurement.

Eretmochelys imbricata Eretmochelys imbricata

La dossière de la carapace est d’une teinte brun orangé pouvant aller jusqu’au noir. Cette coloration est une combinaison irrégulière de stries claires et foncées avec des taches jaunes ou rouges. Le plastron est jaune, les écailles post-anales sont de même couleur avec des taches noires. Les nageoires sont brunes sur le dessus et jaunes dessous. Au niveau de la tête, elle dispose de quatre écailles préfrontales et d’un bec crochu particulièrement long.

Eretmochelys imbricataEretmochelys imbricata

Les mâles se distinguent par une pigmentation plus claire et, comme pour les autres espèces de tortues, un plastron concave, de plus longues griffes et une queue plus épaisse.
Concernant sa taille, elle mesure entre 60cm et 1m20 de long et pèse entre 60kg et 90kg.

Distribution et habitat de cette tortue marine

Elle a une très vaste aire de répartition qui s’étend dans la plupart des régions tropicales, subtropicales et même tempérées. Les tortues occupent différents habitats selon les étapes de leur cycle biologique. Elles se reposent fréquemment autour des récifs de corail ou dans des grottes sous-marines dès qu’elles mesurent plus de vingt centimètres. Cependant, comme elles migrent, elles peuvent aussi être aperçues dans les lagunes, les mangroves ou encore les estuaires. Les juvéniles ne pouvant pas plonger sous la surface de l’eau, ils restent dans des zones où les algues flottent afin de se protéger un maximum contre les prédateurs.

Carte géographie tortue marine

Alimentation des tortues imbriquées

L’alimentation d’Eretmochelys imbricata est composée essentiellement de méduses et d’éponges. Cependant il n’est pas rare de la voir s’attaquer à des crustacés, des invertébrés, des mollusques, des anémones de mer, des algues brunes voir même manger des charognes de poissons morts.

Eretmochelys imbricata

La reproduction sous l’eau

Comme la plupart des autres espèces de tortues marines, la tortue imbriquée utilise plusieurs habitats de croissance, qui sont invariablement situés dans des récifs coralliens ou aux alentours. Ce n’est que quand elles ont atteint la maturité sexuelle (entre 10 et 20 ans) que les tortues imbriquées quittent leurs aires d’alimentation pour aller vers les zones de reproduction. Dans certains cas, leur migration peut leur faire parcourir des milliers de kilomètres, pour revenir, dans le cas des femelles, sur la plage ou à l’endroit où elles sont nées. Lorsqu’elles ont fini de pondre pour la saison, les femelles retournent dans leur aire de nourrissage. Toute leur vie, qui peut se prolonger sur des décennies, ces tortues referont à intervalles réguliers de quelques années les mêmes allers-retours entre les lieux où elles se nourrissent et ceux où elles se reproduisent.

L’acte de reproduction s’effectue de la même façon que nous l’avons décrite pour Chelonia mydas dans le précédent numéro.

La ponte des tortues marines

Eretmochelys imbricataLa tortue femelle quitte la mer, traverse une plage sablonneuse et choisit un site de ponte au-dessus du point atteint par la marée haute. Trait caractéristique, elle creuse son nid dans ou sous la végétation terrestre. Elle peut creuser plusieurs nids avant de déposer ses œufs dans une cavité située à au moins 10 cm, mais parfois 90 cm, sous terre. Chaque œuf pèse au moins 25 g et une ponte moyenne comprend quelque 140 œufs (mais peut atteindre 250 œufs). Ayant recouvert le nid, et passer une à deux heures sur la terre ferme, la tortue retourne à la mer. Elle revient 15 jours après, le plus souvent sur la même plage, pour pondre de nouveau; le processus se répète plusieurs fois, jusqu’à ce qu’elle ait fini de pondre pour la saison. Chaque femelle a ainsi deux pontes, parfois même six, sept, voire huit. Il n’y a aucun soin parental, la femelle abandonne ses œufs dans le sable où l’incubation se fait sans elle.

La période d’incubation dépend essentiellement de la température; elle va de sept à 10 semaines. La température d’incubation détermine le sexe des embryons. Après l’éclosion, les nouveau-nés prennent plusieurs jours pour se dégager du nid, ce qu’ils font normalement la nuit. Arrivés à la surface de la plage, ils se dirigent vers la mer et s’éloignent du rivage à la nage.

Protection de Eretmochelys imbricata

Comme toutes les tortues marines, elle est recherchée depuis des millénaires pour ses œufs, sa viande et son huile, mais ce sont ses écailles imbriquées qui font de cet animal un produit commercial si demandé. Ces plaques épaisses, appelées “écailles”, ou “bekko” en japonais, qui recouvrent la carapace, sont en kératine, cette matière dont sont constitués ongles, cheveux et cornes de rhinocéros. L’écaille présente des couleurs chaudes et, dans les mains d’artisans habiles, elle peut être soudée, moulée, découpée et transformée en une myriade d’articles. C’est le précurseur des matières plastiques et, bien avant notre ère, elle faisait déjà l’objet d’échanges internationaux et d’utilisations diverses. Le prix actuel de certains objets en écaille en font l’un des produits animaux les plus précieux; une carapace brute, non traitée, peut atteindre des centaines de dollars le kg.

Eretmochelys imbricataEretmochelys imbricata

Contrairement à l’espèce Chelonia mydas qui est majoritairement tuée pour sa chair, il est bon de rappeler que la chair de la tortue imbriquée est toxique et peut s’avérer mortelle. Lors de mon séjour dans le Pacifique, j’ai écouté des témoignages de personnes ayant eut des amis décédés à cause de la viande de tortue imbriquée (dites «bec de coq» pour les polynésiens). Les polynésiens étant consommateurs de viande de tortues, ils achètent régulièrement sur le marché noir et parfois des morceaux d’Eretmochelys imbricata sont vendus par erreur.

Bruno.G
(Merci à R.Bour pour les précisions concernant les différences morphologiques des deux sous espèces)

Photos de la tortue imbriquée

Eretmochelys imbricata Eretmochelys imbricataEretmochelys imbricata

Tortue imbriquéeEretmochelys imbricata

tortue marinetortue imbriqué

tortue mertortue océan

Vidéos de la tortue Eretmochelys imbricata

Voici une série de vidéos vous présentant plusieurs spécimens de la tortue marine Eretmochelys imbricata.

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2 commentaires “La fiche sur la tortue imbriquée : Eretmochelys imbricata

  1. Lola la tortue :

    Dan Ottiger Dumitrescu les mollusques sont des invertébrés :

  2. Dan Ottiger Dumitrescu (Suisse) :

    Veuillez corriger le texte suivant: “(…) s’attaquer à des crustacés, des invertébrés, des mollusques, des anémones de mer,(…)” car les crustacés, les mollusques, les anémones de mer cités sont (tous) des INVERTÉBRÉS!
    Je vous suggère: “(…) s’attaquer à d’autres invertébrés: crustacés, mollusques, anémones de mer etc. (…)”.
    Cordialement,
    DOD

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